Les cahiers du Crasc, N° 23, 2012, p. 86-105 | Texte Intégral
III. Du Gap à sa réduction : quel plan d’action ?
Le portrait statistique dressé en seconde partie met en évidence un gap dans la scolarisation des enfants de Charouine que nous pouvons qualifier de non scolarisation et de déperdition scolaire.
La non scolarisation désigne l’état des jeunes âgés de 6 à 16 ans qui ne sont pas scolarisés et dont les parents sont en infraction avec la législation sur l'obligation scolaire. La déperdition est un terme générique qui englobe à la fois la déscolarisation[1], l’abandon, le redoublement et le retard dans le parcours de l’apprenant. La déperdition scolaire désigne un phénomène complexe que Pauli et Brimer (1971) définissent comme le résultat de la combinaison de l’abandon et du redoublement.
Ce gap n’est pas dû seulement au manque de moyens infrastructurels mais à la conjugaison de facteurs socio-culturels et socio-économiques.
En effet, s’agissant du primaire par exemple, l’analyse a montré un excédent de salles de classes non utilisées: 195 salles de classes dont 172 utilisées avec une capacité moyenne de 30,63%. On peut probablement souligner l’éloignement des écoles, des CEM et du lycée par rapport aux zones rurales les plus reculées. On peut également déplorer l’inexistence de lycées dans les communes de Talmine et de Ouled Aïssa, mais on reconnaîtra que les facteurs déterminants de la non scolarisation sont pluriels.
Si le mode de vie et/ou d’organisation socio-communautaire en constitue le premier facteur déterminant, les problèmes spécifiques à l’institution scolaire, notamment ceux inhérents à l’instabilité du corps enseignant, notamment dans le milieu rural, ne sont pas à exclure.
1. La non-scolarisation à Charouine : un phénomène complexe
La non-scolarisation, aussi bien des garçons que des filles, constitue un phénomène observable dans toute la daïra. Pour être inscrit en première année primaire il faut un extrait de naissance. Or, selon les autorités locales, beaucoup d’enfants sont victimes du sous-enregistrement à l’état civil. Nous avons eu à constater que parmi ces enfants non-scolarisés un grand nombre se retrouve dans les kuttabs des mosquées des ksours qui alphabétisent en langue arabe.
Par ailleurs, selon les communes, on se rend compte, que les inscriptions des enfants non victimes du sous-enregistrement, se font assez correctement au début du cycle primaire aussi bien pour les garçons que pour les filles.
Parallèlement à ce problème de sous-enregistrement à l’état-civil, les coûts d’opportunité d’éducation des filles en particulier, qu’ils soient directs ou indirects, influent sur les décisions de leur non-scolarisation. Le conflit entre l’école et le travail en économie paysanne et/ou domestique montre combien la scolarisation en milieu rural limite la contribution des enfants et en particulier des filles au travail domestique et/ou agricole. Cet arbitrage entre l’école et les travaux de jardinage ou à la maison amène forcément certains parents à ne pas scolariser et/ou à déscolariser leurs enfants puisque la contribution à l’économie paysanne est prioritaire. Dans la mesure où les filles sont de plus en plus associées à ces travaux, une faible importance est accordée à leur éducation. .
Le profil des non-scolarisés nous informe sur le fait que parmi ceux-ci, les filles constituent la sous population qui a une proportion un peu plus élevée que celle des garçons. Et entre la mosquée pour apprendre gratuitement à faire la prière (en attendant le mariage) et l’école pour laquelle il faut engager[2] des financements, le choix des parents est vite fait.
La préoccupation des autorités locales est la scolarisation de toute la population et la facilitation de l'accès à tous à l'enseignement de base. Ainsi, disposer d'une frange de la population n'ayant jamais été à l'école est un handicap qui pourrait plus tard être un danger social.
Graphe 17 : niveau d’instruction des parents / déscolarisation des enfants
Source : étude Charouine - UNICEF/Crasc 2010
Au niveau des zones rurales, en l’occurrence celles des ksours, la « non-scolarisation » des enfants est reliée au manque de moyens. Ce problème est clairement posé par les responsables locaux, les chefs de famille et même les enfants. Ils considèrent qu’ils sont tenus d’inscrire leurs enfants, de les envoyer à l’école à condition qu’ils soient entièrement pris en charge au plan matériel. Des propos recueillis auprès du chef de daïra de Charouine, montrent combien les parents en général comptent sut les pouvoirs publics pour résoudre tous leurs problèmes.
Pour la plupart des parents la scolarité obligatoire et gratuite engage exclusivement l’Etat qui doit assurer les fournitures scolaires, la cantine et le transport et en particulier le trousseau et l’indemnité de rentrée (ou prime de scolarité).
Le trousseau scolaire est porteur d’un ensemble de significations pour les parents et même les enseignants et les enfants. Il est, pour les parents, symbolique de l’entrée digne de leur l’enfant à l’école et c’est cette dernière qui doit se charger des conditions d’admission et de fréquentation car, c’est encore l’école qui doit supporter les frais de son alimentation et de son transport ; quant aux études, les parents, en particulier ceux des ksours, pour la plupart, ne cherchent souvent aucune information sur les résultats scolaires : on leur demande d’envoyer leur enfant à l’école et il le font parce qu’ils le veulent bien, ils ne se sentent nullement obligés de le faire et pour preuve, ils décident que la fille n’aille pas au CEM et encore moins au lycée. Ce trousseau va de pair avec la subvention octroyée aux enfants nécessiteux.
L’indemnité de rentrée (ou prime de scolarité) n’est versée qu’à une partie seulement des enfants scolarisés. Or, tous les enfants des ksours sont en général nécessiteux (leur famille vivant des revenus maigres des produits du jardinage), aussi, la plupart des bénéficiaires et, c’est ce que nous avons constaté de visu lors de nos visites dans les classes, partagent avec les autres les affaires scolaires notamment les livres. Les parents des enfants lésés ne comprennent pas cette situation et la traduisent comme une injustice de l’école à leur égard. « Il y a, nous ont dit les directeurs d’école de la commune de Ouled Aïssa, certains enfants qui sont assidus au début de l’année seulement en quête du trousseau et de la prime, de même que leurs parents vigilants ; cette assiduité et cette vigilance s’estompent par la suite ».
2. La déscolarisation
Si les inscriptions en première année primaire semblent se faire assez correctement pour les garçons et les filles, c’est vers la fin du cycle que les filles en particulier sont déscolarisées. La plupart des trente-quatre élèves (filles) réparties en deux focus groups, de 4ème année du CEM de Talmine, avec lesquelles nous avons eu une longue discussion n’espèrent pas poursuivre après le BEM. Elles sont presque unanimes quant au fait qu’elles doivent rejoindre leur Ksar pour s’adonner exclusivement au jardinage et aux tâches domestiques en attendant qu’on « les marie ». Elles sont meilleures que les garçons disent-elles sur le plan scolaire mais elles doivent s’arrêter. La plupart de leurs camarades ont été arrêtées bien avant la 4ème année. Elles considèrent être plus chanceuses d’être arrivées jusqu’en 4ème année.
Pour ce qui est des abandons particulièrement, il faut remarquer que ces derniers sont très précoces. Les facteurs constituant des obstacles à la scolarisation féminine sont nombreux. Pour en apprécier certains au sein de notre population d'étude, une question portant sur les raisons de l'abandon ou de la déscolarisation a été soumise aux enquêtés. Il ressort des résultats que l'une des principales raisons évoquée est l’enclavement de la région. La lutte au quotidien contre l’ensablement mobilise tous les membres de la famille. Le mode de vie des ménages participe à l’explication des déperditions scolaires dans l’ensemble de la daïra.
La rupture scolaire est étroitement liée au mode de vie et d’organisation socio-communautaire des familles.
C’est surtout au niveau rural que les problèmes de non-scolarisation, sont perçus de manière aigüe. Il se trouve que c’est surtout dans les ménages où le niveau d’instruction est faible, que nous avons enregistré le plus d’enfants non-scolarisés
Si la déscolarisation pour éloignement de l’établissement n’existe pas au primaire, au collège elle semble réelle. En effet le maintien collégiennes, en particulier, au CEM augmente en fonction de la proximité de l’établissement scolaire par rapport au domicile parental. Si on réduisait les distances parcourues par certaines, même quand les moyens de transport existent, on contribuerait à enrayer le phénomène de déscolarisation.
A titre d’exemple, le CEM de Ouled Aïssa reçoit 305 élèves (sur 762) qui parcourent de 12 à 30 Kilomètres par jour
Tableau 36 : distances parcourues par plus de 40 % des élèves du -CEM de Ouled Aïssa
Ksar |
Filles |
Garçons |
Total |
Nombre de kilomètres |
Tasfaout |
07 |
21 |
28 |
30 |
Gantour |
32 |
72 |
104 |
20 |
Lahmar |
17 |
26 |
15 |
25 |
Semjen |
11 |
28 |
39 |
20 |
Taounza |
15 |
19 |
34 |
20 |
Hiha |
34 |
86 |
120 |
16 |
Yakou |
22 |
36 |
58 |
14 |
El kort |
08 |
16 |
24 |
12 |
Jdir |
00 |
01 |
01 |
12 |
Nombre d’élèves |
148 |
157 |
305 |
|
Croquis : Un aperçu des distances parcourues par les élèves pour parvenir au CEM de Ouled Aïssa
Source : étude Charouine UNICEF/Crasc, 2010
Ce qu’il faut sans doute noter c’est le temps mis pour parcourir ces distances au quotidien ainsi que les retards occasionnés par l’attente des transports scolaires.
Toutefois, parmi les problèmes évoqués lors des entretiens et des focus groups avec les responsables du secteur et des collectivités locales, celui des conditions matérielles des élèves dont une partie seulement bénéficie du trousseau et de l’indemnité de rentrée.
Quels sont les facteurs qui déterminent les disparités entre les sexes en matière d’éducation dans la Daïra de Charouine ?
Environnement familial |
Environnement scolaire |
Facteurs socio-économiques : -Pénibilité des conditions climatiques. -Déterminisme des difficultés matérielles au niveau des ménages : revenu bas, conditions de vie difficiles, malnutrition (déséquilibre alimentaire). |
Facteurs politiques institutionnels : -Sous enregistrement des faits d’état civil. -Eloignement des établissements scolaires par rapport aux domiciles parentaux.
|
Facteurs culturels : -Non investissement parental dans le fait scolaire. -Retrait des filles en particulier au moyen. |
Facteurs liés à l’école : -Inadaptation des périodes et horaires scolaires aux rythmes de la vie sociocommunautaire. - instabilité des enseignants (contractualisation, statut, logements). |
Conséquences : -Sous-estimation de la population scolarisable. -Non maitrise des données statistiques au niveau des établissements scolaires. -Absences répétées des élèves requis pour des tâches dans l’environnement familial. -Non- implication parentale dans la scolarité des garçons et particulièrement des filles. - Conditions d’exercice de la profession enseignante dans la Daïra. |
3. La réduction du gap : quel plan d’action ?
Le plan d’action que nous proposons repose sur trois principes directeurs pour le développement de l’éducation dans la daïra de Charouine
- La particularité et/ou la spécificité du contexte socio-économico-culturel
- La dispersion des communes de la daïra et la diversité des conditions de vie de leurs populations
- L’implication et la participation des populations locales à l’amélioration des services offerts
Compte tenu des enjeux et des défis qui se posent au système éducatif dans la daïra Charouine, ce plan d’action est articulé autour d’une série de stratégies
3.1. Assurer la protection et l’éveil de la petite enfance
En renforçant l’accès au préscolaire dans les kuttabs des mosquées et les classes préparatoires dans les écoles primaires où elles n’existent pas.
3.2. Renforcer l’accès et le maintien à l’école de tous les enfants de 6 à 16 ans
En dépit des progrès réalisés, l’objectif de l’accessibilité de l’Ecole demeure d’actualité. En plus de viser l’élargissement de l’accès à l’enseignement obligatoire à tous les enfants d’ 6 à 16 ans, il faut également viser à y maintenir le plus grand nombre. Le défi donc, se pose à la fois en termes de : recrutement autrement dit d’admission en première année primaire des garçons et des filles et de rétention ou maintien dans le cursus des élèves scolarisés. En outre, il faut absolument réduire les déperditions en cours de scolarité ainsi que les exclusions qu’elles soient le fait de l’Ecole, des familles ou des élèves eux-mêmes.
3.3. Réduire les disparités de scolarisation :
Garantir l’équité et l’égalité des chances dont la recherche devient ainsi stratégique pour la réalisation d’un système éducatif local plus intégrateur et renforcer la scolarisation des filles. Ce renforcement de la scolarisation des filles constitue un enjeu et un défi pour ce plan d’action 2011-2013 et pour l’atteinte de l’objectif de parité.
3.4. Mettre en place des structures opérationnelles de santé et d’hygiène scolaire
Promouvoir l’éducation à la santé à l’école obligatoire en vue d’apporter à l’enfant et à sa communauté plus des connaissances et des attitudes capitales pour leur développement physique, psychologique et social et pallier les lacunes en matière d’hygiène corporelle, vestimentaire, nutritionnelle des enfants.
3.5. Améliorer la qualité et la pertinence des enseignements et des apprentissages
L’amélioration de la qualité à tous les niveaux constitue le cœur des mesures d’action inscrites dans le cadre de la réforme du système éducatif. Cette exigence de qualité est inscrite dans la loi d’orientation. Dans cette perspective, il faut s’assurer, dans tous les degrés d’enseignement, que les élèves acquièrent les connaissances et compétences qui leur permettent de comprendre le monde et leur propre milieu et de continuer à apprendre.
Plan d’Action
Question principale |
Objectifs stratégiques |
Résultats attendus |
Actions |
Partenaires associés |
Indicateurs O .V. |
Quelles sont les Actions stratégiques à entreprendre pour résoudre les problèmes structurels qui limitent L’action des pouvoirs publics dans l’accès et le maintien à l’école de tous les enfants de la daïra de Charouine
|
-Assurer la prise en charge éducative de la petite enfance
|
L’accès au préscolaire toutes structures confondues : classes préparatoires, Kuttabs privé, est assuré et facilité ; -Structures disponibles. |
Formation à la spécialisation les éducateurs (trices) avec statut particulier |
-DE -Direction de la formation professionnelle de la wilaya d’Adrar |
Des éducatrices seront recrutées avec une formation spécialisée, spécifique à la prise en charge de la petite enfance. |
- Création des classes enfantines dans les établissements où elles n’existent pas et admission de tous les enfants sans discrimination de sexe ou d’handicap |
-Société civile -DAS
|
Les quarante écoles primaires actuelles auront une classse préparatoire chacune |
|||
Equipement des classes selon le besoin (structures publiques) ; -Disponibilité de fournitures préscolaires (cahiers spéciaux) et cantine ; |
-DE -DAS
|
Tous les Kuttabs sont équipés : chaises, tables etc. -tous les enfants mangent à la cantine |
|||
-Réaliser l’objectif de l’obligation scolaire des enfants de 6 ans.
|
Le problème du sous-enregistrement des faits de l’état civil est résolu |
-mobiliser les instances sociales |
-Collectivités locales - Justice |
Tous les enfants jouissent d’une filiation juridiquement légale. |
|
|
-les parents sont obligés d’envoyer leurs enfants à l’école ; |
Règlement du problème des sous effectifs par la création de classes uniques à plusieurs niveaux et formation spécialisée de l’encadrement motivé par certains avantages matériels; |
- DE -Collectivités locales
|
100% des enfants sont scolarisés en 2012 |
- les enfants de 6 ans sont admis à l’école sans discrimination de sexe ou d’handicap ; |
-Règlement du problème du sous enregistrement à l’Etat Civil par dérogation interministérielle afin de permettre la réalisation de la généralisation de la scolarité
-création de classes mobiles (caravanes itinérantes) avec des enseignants se déplaçant vers les Ksours pour prendre en charge les petits effectifs non scolarisés à 06 ans. |
MEN Equipe MEN Justice Médiation
MEN Collectivités locales solidarité |
100% des enfants de 6 ans sont scolarisés en 2012
100% des enfants de 6 ans sont scolarisés en 2012
|
Question principale
Quelles sont les Actions stratégiques à entreprendre pour résoudre les problèmes structurels qui limitent L’action des pouvoirs publics dans l’accès et le maintien à l’école de tous les enfants de la daïra de Charouine
|
Objectifs stratégiques |
Résultats attendus |
Actions |
Partenaires associés |
Indicateurs O .V. |
-Maintenir Les enfants dans le système éducatif jusqu’à 16ans (respect de l’enseignement obligatoire)
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Tous les scolarisés sont maintenus à l’école jusqu’à 16 ans ;
|
-Adapter les périodes scolaires aux rythmes et horaires de l’organisation de la vie communautaire -Mise en place d’un dispositif de suivi de la fréquentation scolaire au niveau communal ;
|
-DE -société Civile
DE Commune |
Systématisation 2011-2012 -Fiche de suivi de la fréquentation des élèves ;
|
|
|
-Des moyens adéquats sont mis en place pour leur maintien.
|
-Mise à disposition de l’institution de moyens adéquats pour assurer la régularité de la fréquentation : transport, cantines, fournitures scolaires
-Mise en place de cellules de proximité au niveau des communes pour le suivi et intervention auprès des parents en cas de nécessité. |
-DE
-DAS |
-Rapport sur les abandons et l’absentéisme ;
-cellules de proximité opérationnelles |
|
-Réduire les disparités dans la scolarisation
|
Les problèmes qui limitent la scolarité sont pris en charge - retard scolaire, -handicaps légers ou profonds, -nécessité socio économique. |
- Adaptation des périodes scolaires aux rythmes et horaires de la vie communautaire |
-DE
|
Systématisation en 2011-2012 |
|
-Mise en place d’un système de suivi et d’évaluation de la scolarité à tous les niveaux ; -Mise en place d’un dispositif de remédiation (rattrapage de retard scolaire)
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Solidarité Collectivités locales |
Grille de suivi et d’évaluation renseignée -Fiches individuelles de remédiation
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|||
-Mise en place d’un enseignement spécialisé adapté pour enfants handicapés (moteurs, mentaux etc..).
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DE DAS |
-Programme spécifique pour handicapés
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- Généralisation des internats dans les collèges et lycée notamment pour faciliter la scolarité des Filles |
DE |
-Internat généralisé selon les besoins identifiés
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Question principale
Quelles sont les Actions stratégiques à entreprendre pour résoudre les problèmes structurels qui limitent L’action des pouvoirs publics dans l’accès et le maintien à l’école de tous les enfants de la daïra de Charouine
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Objectifs stratégiques |
Résultats attendus |
Actions |
Partenaires associés |
Indicateurs O .V. |
|
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-Mise à disposition de tous les élèves de : -fournitures scolaires et prêt des manuels - trousseau vestimentaire, -moyens de transport au quotidien, |
Commune DAS Société civile |
-compte rendu de l’opération d’affectation des trousseaux et des fournitures scolaires ;
|
|
Améliorer la qualité et la pertinence des enseignements et des apprentissages
|
-Les conditions adéquates de scolarité existent ; -l’encadrement pédagogique est qualifié ; -Les moyens de réussite scolaire disponibles |
-Formation et recyclage des enseignants aux méthodes innovantes ;
Amélioration des moyens matériels et outils didactiques pour les enseignants ;
-Adaptation des moyens pédagogiques (méthodologie) aux besoins de chaque groupe de niveau
|
-DE -inspecteurs enseignants, |
-Nombre de regroupements pédagogiques et stages ;
-Cellule de réflexion composée d’enseignants motivés, opérationnelle ;
-Résultats aux examens en progrès. |
Conclusion
L’étude à la base de ce cahier avait pour objectif majeur d'analyser la situation de l'éducation dans la daïra de Charouine afin de mettre à la disposition des décideurs locaux des informations adéquates susceptibles de contribuer à la mise en œuvre de stratégies en vue d’améliorer le taux de scolarisation et de réussite scolaire pour tous. Pour y parvenir, deux hypothèses ont été émises.
Selon notre première hypothèse, le contexte local et les attitudes parentales influent sur les taux de scolarisation. Cette hypothèse a été éprouvée dans l’ensemble des communes et à Talmine en particulier où l’obligation scolaire n’est pas suivie de manière rigoureuse : un certain nombre d’enfants d’âge scolaire ne sont pas admis à six ans pour cause de non constitution de classes de 1ère année au vu de la faiblesse d’effectifs ou d’absence de documents d’état civil ;
Une approche différenciée des obstacles à la solarisation met en évidence le déterminisme du sous-enregistrement et des sous-effectifs sur la non-scolarisation au primaire, l’influence de l’éloignement des établissements par rapports aux domiciles parentaux sur la déscolarisation dans l’enseignement moyen et l’impact de l’inadaptation des périodes et horaires scolaires aux rythmes de la vie sociocommunautaire sur les abandons au secondaire.
L’analyse des éléments du contexte local met en exergue le besoin de main-d’œuvre juvénile dans la maîtrise de l’ensablement constituant une lutte pour la survie et dans les tâches agricoles. Or, nous avons noté que les 4-6 ans étaient inscrits en grand nombre dans les classes préparatoires ainsi que dans les kuttabs. Ceci s’explique par le fait que ces classes, ne fixant aucune exigence d’ordre pédagogique ou matérielle, fonctionnent comme des espaces de « gardiennage » utile pour les parents et les mères en particulier.
Les parents ne se sentent pas impliqués dans le fait scolaire ; aucun investissement, énergétique, matériel et financier n’est consenti. Ils considèrent que la scolarité de leurs enfants est l’affaire de l’Etat
La seconde hypothèse a été vérifiée en partie. En effet, si les inscriptions en première année primaire semblent se faire assez correctement pour les garçons et les filles, vers la fin du cycle les filles sont déscolarisées. La discrimination genre est plus prononcée dans le maintien à l’école : les filles pouvant seconder la mère dans les tâches domestiques et se préparer au mariage. Les attitudes parentales favorables à la scolarisation des filles au primaire se négativisent dès l’entrée en première année moyenne.
Pour ce qui est des abandons il faut remarquer que ces derniers sont très précoces. Les facteurs constituant des obstacles à la scolarisation féminine sont nombreux ; il ressort des résultats que l'une des principales raisons évoquée est la contribution de la main-d’œuvre féminine dans le désensablement. En réalité, la lutte au quotidien contre l’ensablement mobilise tous les membres de la famille. Le mode de vie des ménages participe à l’explication des déperditions scolaires dans l’ensemble de la daïra. La rupture scolaire est étroitement liée au mode de vie et d’organisation socio-communautaire des familles. C’est surtout au niveau rural que les problèmes de non-scolarisation des filles, sont perçus de manière aigüe. Il se trouve que c’est surtout dans les ménages où le niveau d’instruction est faible, que nous avons enregistré le plus de filles non-scolarisées
Si la déscolarisation pour éloignement de l’établissement n’existe pas au primaire, au collège elle semble réelle. En effet le maintien des collégiennes, en particulier, au CEM augmente en fonction de la proximité de l’établissement scolaire par rapport au domicile parental. Si on réduisait les distances parcourues par certaines, par la création d’antennes, on contribuerait à enrayer le phénomène de déscolarisation.
Par ailleurs si le réseau se densifie progressivement en ce qui concerne les effectifs élèves dans le primaire, on peut dire que le moyen est en souffrance et que le secondaire existe pour une élite seulement. De plus, l'indice de parité des sexes est défavorable aux filles c'est-à-dire qu'il y a moins de filles scolarisées que de garçons dans la population des enfants de 6 à 15 ans de la même commune. Si l’écart n’est pas bien grand au primaire, il se creuse au moyen et au secondaire. La situation des collégiennes est préoccupante car quelque soit le milieu de résidence, les filles déclarent avoir moins de chances de poursuivre au-delà du collège.
Toutefois si en milieu rural les ménages les plus pauvres n’ont pas conscience de l’intérêt de l’école pour leurs enfants et ont tendance à ne pas les scolariser, en milieu urbain, nous n'avons pas pu déceler l'effet du niveau de vie sur la scolarisation des enfants. C'est sans doute parce que l'approche que nous avons utilisée pour mesurer le niveau de pauvreté dans cette zone présentait certaines limites.
Références bibliographiques
Bendjelid A., Brûlé J.C., Fontaine J., (2004). Aménageur et aménagés en Algérie. Paris, l’Harmattan
Bellaoui M., (2003). Le rôle du transport dans l’organisation spatiale de la wilaya d’Adrar. Mémoire d’ingénieur en géographie. Département de géographie, Faculté des sciences de la terre, de géographie et d’aménagement. Université d’Oran.
Bellil. R., (1994),"Traditions orales, mémoires collective et rapport au passé chez les zénètes du Gourara (Sahara algérien)", ed. Peeters Louvain, Paris.
Bellil R., (2003). Les oasis du Gourara. Paris, Peeters Louvain.
Bisson J., 1957, Le Gourara, étude de géographie humaine, Mémoire n°3, Université d’Alger, Institut de Recherches Sahariennes, 221p.
Bisson J., (2003). Le sahara : mythes et réalités d’un désert convoité. Paris, L’Harmattan
Kouzmine Y., 2007, Dynamiques et mutations territoriales du Sahara algérien vers de nouvelles approches fondées sur l'observation, thèse de doctorat en géographie, Université de Franche Comté, Besançon
Marouf N., (1980). Lecture de l’espace oasien. Paris, Sindbad
Psacharopoulos G., et Woodhal M., (1988). L’éducation pour le développement. Paris, economica
Troin J.-F. (dir), (1985) : Le Maghreb, hommes et espaces, Paris, Armand Colin,
UNESCO (2007). Consultation d’experts sur une définition opérationnelle de l’éducation de base. In http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001802/180253f.pdf . Consulté le 20 juin 2010
Notes
[1] La déscolarisation est définie comme l’arrêt des études avant les termes conventionnés par la législation en vigueur. C’est la résultante de processus multifactoriels, et c’est bien la combinaison de plusieurs facteurs qui permet de les comprendre. Il s’agit bien de s’intéresser au processus de « désaffiliation scolaire » défini par Broccolichi (1998, 41), qui renvoie aux interactions des contextes scolaires, familiaux et locaux.
[2] دايمن الدفع الدفع الدفع